Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 8 juin 2021

Interview de Bat Ye’or sur la dhimmitude


Bat Ye’or est une essayiste spécialiste des minorités religieuses dans le monde islamique. Elle a forgé le terme dhimmitude pour désigner le statut cruel des minorités non-musulmanes (Dhimmis) dans les pays islamiques ou en « terre d’islam ». Elle a aussi analysé Eurabia, alliance euro-arabe visant à unir l’Europe aux pays arabes dans un ensemble méditerranéen. Interview réalisée en janvier 2008. Les éditions Provinciales ont republié Le Dhimmi, de Bat Ye'or. Un essai pionnier dont la lecture s'avère indispensable pour comprendre la situation des Juifs sous domination islamique, et en France actuellement. Les 9, 10 et 11 juin 2021, le mahJ accueille et diffuse via Internet le colloque gratuit "Les juifs et les autres minorités dans l'Islam méditerranéen, XIXe-XXIe siècles". S'inscrire pour y assister en direct par visioconférence ou au mahJ.

Some excerpts of my interview have been translated in English by Jewishrefugees.blogspot.com
Des extraits de mon interview ont été traduits en anglais par le blog Jewishrefugees
Interview de Bat Ye'or sur la dhimmitude

Je suis née dans une famille juive religieuse et aisée du Caire. Mon père était italien et ma mère française. Mon père gérait la fortune dont il avait hérité. Après la proclamation des lois raciales italiennes, mon père qui avait demandé à être égyptien perdit sa nationalité italienne.

Je dois à ma mère ma passion de la lecture car notre appartement était empli des livres qu’elle achetait. J’ai très tôt découvert ma vocation d’écrivain qui m’entraînait hors de mon milieu bourgeois sur des voies iconoclastes.

Mes parents étaient assez ouverts pour tolérer mon refus des pratiques religieuses et de certains préjugés ordinaires dans mon milieu.

Cependant, je me sentais très proche du combat des Juifs palestiniens. On en parlait entre nous avec de grandes précautions de crainte des dénonciations et arrestations. En effet, durant la Seconde Guerre mondiale, les partis fascistes, pronazis et les Frères Musulmans (2) faisaient régner un climat de peur et d’insécurité. On savait que les masses arabes étaient favorables aux forces de l’Axe (3).

Comment a évolué la situation des juifs en Egypte après 1945 ?

Dès 1945 le combat des nationalistes égyptiens et des Frères Musulmans contre le sionisme et l’Angleterre (4) provoqua des manifestations de foules dans les rues. Ces foules hurlaient des slogans anti-juifs, saccageaient les magasins, attaquaient les quartiers juifs où vivait une population indigente, pillaient, violaient et incendiaient les écoles et les biens communautaires.

La situation empira avec la guerre d’Indépendance d’Israël ou 1ère guerre israélo-arabe en 1948. Une vague de violences se déclencha, accompagnée de meurtres, d’expulsions, d’arrestations et de mises sous séquestre, dont celles de biens de mon père.

Les troubles sociaux endémiques, l’impopularité du roi Farouk et la défaite humiliante des cinq armées arabes face à l’Etat d’Israël provoquèrent la révolte des Officiers Libres en juillet 1952 et l’abolition de la monarchie en 1953.

En 1954, Gamal Abd al-Nasser s’empara du pouvoir et accueillit en Egypte de nombreux criminels nazis qui participèrent au gouvernement.

En 1955, mon passeport égyptien ne fut pas renouvelé. Malgré cela, je me sentais encore plus égyptienne que juive.

Les violences, les expulsions, les emprisonnements, les meurtres et la confiscation des biens s’amplifièrent avec la guerre de Suez en 1956.

Mais ces excès étaient aussi liés à la situation politique, et surtout au fanatisme haineux fomenté par les Frères Musulmans et le grand mufti de Jérusalem Amin al-Husseini (6).

La population en général, les classes populaires ou celles éduquées, demeurait amicale, souvent hostile à ces débordements. Des juifs furent sauvés par des musulmans au cours de manifestations où ils auraient pu être tués.

Comment votre famille a-t-elle vécu cette période dramatique ?

Ma mère en tant qu’ex-française fut mise en résidence surveillée et ne put sortir de l’appartement durant un certain temps. Il en fut de même de mon beau-frère anglais qui fut ensuite expulsé.

Des règlements humiliants furent proclamés interdisant aux Juifs certaines professions, la fréquentation des lieux publics, des clubs et des cinémas. Il n’était plus possible de rester. En quelque mois une communauté vieille de 3 000 ans disparaissait (7). J’avais le sentiment de vivre et d’observer un événement extraordinaire. Beaucoup de juifs partaient en cachette, sans dire adieu de crainte d’être retenus. De 1948 à 1957, environ 60 000 Juifs sur 75 000 à 80 000 quittèrent l’Egypte (8).

Notre départ avait été retardé par une chute qu’avait faite ma mère.

Puis, en 1957, ce fut notre tour de partir en cachette avec un laissez-passer d’apatrides ; les deux valises autorisées pour chacun furent à plusieurs reprises vidées sur le sol par des policiers égyptiens tandis que l’on nous abreuvait d’insultes. Nous fumes fouillés minutieusement, le plâtre qui enveloppait la jambe de ma mère fut cassé et on me confisqua les 50 livres égyptiennes permises. L’avion de la compagnie hollandaise fut longtemps retenu ; les bras croisés, son équipage attendait, révolté par ce spectacle contre deux personnes pouvant à peine marcher - mon père était infirme - et une jeune fille.

Nous avions difficilement obtenu un visa pour l’Angleterre où ma mère voulait rejoindre ma sœur et sa famille. Quant à moi, j’avais l’intention de partir en Israël, mais avec deux parents invalides, il me fallut remettre ce projet à plus tard. Toute ma famille, qui comptait quatre générations, s’éparpilla à travers le monde.

Ce phénomène toucha toute la communauté ; les cellules familiales implosèrent, un style de vie et de société disparaissait (9).

Comment s’est passée votre arrivée en Angleterre ?

A Londres, un Comité pour les réfugiés juifs nous permit de nous débrouiller. J’obtins une bourse pour étudier à l’Institut d’Archéologie de l’université de Londres. C’est là que je rencontrais David G. Littman (10) en 1959, étudiant l’archéologie de la terre d’Israël. Nous nous mariâmes quelque mois plus tard.

Je découvrais que je venais d’un monde différent de celui de mes camarades étudiants : celui de l’autocensure et de la menace. Leur insouciance et leur liberté me faisaient prendre conscience de ce comportement particulier inhérent à la dhimmitude que je décrivis plus tard.

Deux ans après, je retrouvais ces mêmes attitudes chez les juifs et les chrétiens au cours de mes voyages avec mon mari en Tunisie, au Maroc, au Liban. Parce que je venais de leur monde, celui de la vulnérabilité et de la peur, je pouvais lire leurs sentiments, mais parce que j’avais moi-même changé, je pouvais aussi désormais, les reconnaître.

C’est aussi à Londres, dans les épreuves de la pauvreté et de l’exil que je compris et décidais que j’appartenais définitivement au peuple juif.

Comment vous êtes-vous intéressée à la dhimmitude (11), un concept que vous avez forgé ?

Je ne me suis pas intéressée à la dhimmitude, je l’ai découverte au cours de mes recherches sur les chrétiens des pays musulmans (12), dans mes discussions avec eux, mes observations et mes analyses.

C’est un outil conceptuel que j’ai forgé quand je travaillais sur la traduction anglaise d’une édition augmentée de mon livre Le Dhimmi. A la demande de mes amis chrétiens, j’y avais introduit un grand nombre de documents historiques les concernant et ce concept me permettait d’embrasser un vaste éventail de domaines corrélés. Je n’osais pas l’utiliser dans mes écrits, compte tenu de la malveillance de certains à l’égard de mes livres et articles qui, non seulement affirmaient ouvertement mon sionisme, mais introduisaient aussi une analyse critique de la tolérance islamique.

Etant l’une des fondatrices de WOJAC (World Organization of Jews from Arab Countries) en 1974-75, je militais pour les réfugiés juifs du monde arabe, presque un million, et combattais un certain racisme à leur égard.

Cette attitude m’attirait beaucoup d’ennemis, juifs et non-juifs. On raillait mes analyses sur le dhimmi et sur le sionisme. Ces positions exprimaient beaucoup de préjugés inconscients et une attitude paternaliste envers les juifs orientaux.

Le refus d’accepter la judéophobie de l’islam s’explique dans le contexte des efforts de paix de l’Etat d’Israël avec son environnement et la souffrance très présente à cette époque –quelques années après l’extermination dans les camps – de l’ampleur de la Shoah, certainement le plus grand crime commis contre le peuple juif et l’humanité. L’antisémitisme chrétien avait été bien documenté et étudié. Il n’en allait pas de même pour la condition du dhimmi, qui du reste avait été aboli par la colonisation. Les terribles épreuves de la Shoah, les récits des survivants qui commençaient à être publiés, les études historiques sur ce sujet focalisaient l’intérêt du monde juif.

Mon mari était beaucoup plus sensible que moi à ces attaques et me soutenait toujours.

Je discutais souvent de la dhimmitude avec mes amis chrétiens libanais proches de Béchir Gemayel (14). Nous cherchions un mot pour définir cette situation particulière et le mot dhimmitude me semblait le meilleur, mais j’hésitais à l’utiliser.

C’est seulement quand Béchir Gemayel le mentionna dans son dernier discours précédant son assassinat (15), que j’eus le courage de l’utiliser à mon tour dans le sens d’une condition existentielle déterminée par la théologie, la juridiction et l’histoire des pays islamisés.

Je pensais que désormais les chrétiens l’accepteraient. Mais je me trompais, seule une très petite minorité l’adopta et ce mot aggrava l’ostracisme qui me frappait.


Quelle est la définition de la dhimmitude ?

La dhimmitude est corrélée au jihad. C’est le statut de soumission des indigènes non-musulmans – juifs, chrétiens, sabéens, zoroastriens, hindous, etc. - régis dans leur pays par la loi islamique. Il est inhérent au fiqh (jurisprudence) et à la charîa (loi islamique).

Quels en sont les éléments caractéristiques ?

Les éléments sont d’ordre territorial, religieux, politique et social.

Le pays conquis s’intègre au dar al-islam (16) sur lequel s’applique la charîa. Celle-ci détermine en fonction des modalités de la conquête les droits et les devoirs des peuples conquis qui gardent leur religion à condition de payer une capitation mentionnée dans le Coran et donc obligatoire. Le Coran précise que cet impôt dénommé la jizya doit être perçue avec humiliation (Coran, 9, 29).

Les éléments caractéristiques de ces infidèles conquis (dhimmis) sont leur infériorité dans tous les domaines par rapport aux musulmans, un statut d’humiliation et d’insécurité obligatoires et leur exploitation économique.

Les dhimmis ne pouvaient construire de nouveaux lieux de culte et la restauration de ces lieux obéissait à des règles très sévères.

Ils subissaient un apartheid social qui les obligeait à vivre dans des quartiers séparés [mellah au Maroc, Ndr], à se différencier des musulmans par des vêtements de couleur et de forme particulières, par leur coiffure, leurs selles en bois, leurs étriers et leurs ânes, seule monture autorisée.

Ils étaient astreints à des corvées humiliantes, même les jours de fête, et à des rançons ruineuses extorquées souvent par des supplices. L’incapacité de les payer les condamnait à l’esclavage. Dans les provinces balkaniques de l’Empire ottoman durant quelques siècles, des enfants chrétiens furent pris en esclavage et islamisés. Au Yémen, les enfants juifs orphelins de père étaient enlevés à leur famille et islamisés. Ce système toutefois doit être replacé dans le contexte des mentalités du Moyen Age et de sociétés tribales et guerrières.

Certains évoquent la Cordoue médiévale ou al-Andalous (Andalousie médiévale sous domination arabe) comme des modèles de coexistence entre juifs, chrétiens et musulmans. Qu’en pensez-vous ? Est-ce une vision idéalisée ou l’occultation, voire l’ignorance de la dhimmitude ?

C’est une fable. L’Andalousie souffrit de guerres continuelles entre les différentes tribus arabes, les guerres entre les cités-royaumes (taifas), les soulèvements des chrétiens indigènes, et enfin de conflits permanents avec les royaumes chrétiens du Nord. Les esclaves chrétiens des deux sexes emplissaient les harems et les troupes du calife. L’Andalousie appliquait le rite malékite, l’un des plus sévères de la jurisprudence islamique.

Comme partout, il y eut des périodes de tolérance dont profitaient les dhimmis, mais elles demeuraient circonstancielles, liées à des conjonctures politiques temporaires dont la disparition provoquait le retour à une répression accrue.

La dhimmitude a-t-elle évolué au fil des siècles ?

En 1860, le statut du dhimmi fut officiellement aboli dans l’Empire ottoman (17) sous la pression des puissances européennes, mais en fait il se maintint sous des formes atténuées compte tenu des résistances populaires et religieuses.

Hors de l’Empire ottoman, en Iran, en Afghanistan, dans l’Asie musulmane et au Maghreb, il se perpétua sous des formes beaucoup plus sévères jusqu’à la colonisation. En Iran, la dynastie Pahlavi tenta de l’abolir et d’instituer l’égalité religieuse. C’est aussi l’une des raisons de l’impopularité du Shah dans les milieux religieux. Une fois au pouvoir, ceux-ci rétablirent la charîa et la juridiction coranique.

Quels sont les effets psychologiques de la dhimmitude sur les juifs ?

Les juifs des pays musulmans n’ont pas développé une conscience de droits politiques et humains inaliénables parce que ce concept est étranger au dar al-islam et que ce combat ne fut jamais mené par les musulmans, contrairement à la situation en Europe où juifs et chrétiens s’associèrent dans la lutte pour l’égalité et les droits démocratiques.

La notion de droits s’oppose à celle d’une tolérance concédée au vaincu du jihad moyennant l’acceptation de mesures discriminatoires, situation qui caractérise la condition du dhimmi. Cette tolérance, du reste, est provisoire et peut-être abolie si l’autorité musulmane juge que le dhimmi contrevient aux règlements de son statut. Dans ce cas, divers châtiments sont envisagés. En outre, la notion de laïcité est inexistante dans l’islam et semble même blasphématoire.

Au Yémen et au Maghreb, régions les moins touchées par la modernisation et l’évolution des idées en Europe et où le statut des juifs était parmi les plus sévères, les juifs nourrissaient un sentiment de gratitude envers l’autorité musulmane qui protégeait leur vie. Seule cette protection, mais non le droit, permettait leur existence. Résignés par leur extrême vulnérabilité à subir un despotisme déshumanisant, les juifs inspiraient par leur endurance aux persécutions, l’admiration de nombreux voyageurs étrangers. Seul leur espoir dans la rédemption d’Israël, c’est-à-dire leur libération de l’exil, leur permettait de supporter les humiliations et les souffrances de la dhimmitude.

Vous distinguer l'histoire de l'antisémitisme et celle de la dhimmitude. Pourquoi ? 

Le mot même de dhimmitude est extrêmement controversé et politisé. Il touche un élément essentiel de la politique internationale puisque toute la politique d’Eurabia s’est fondée sur le mythe andalou, « l-islam-religion-de-paix-et-d-amour » construit et propagé dès le début du XXe siècle par l’Empire allemand allié de l’Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale, puis par le Troisième Reich.

Comme le mot antisémitisme qui désigne un élément particulier à la civilisation judéo-chrétienne et que les juifs ashkénazes, aidés par des chrétiens, ont eu la force et le courage d’imposer à la conscience chrétienne, les juifs sépharades, porteurs d’une autre histoire – celle de la dhimmitude différente de l’antisémitisme car elle y associe les chrétiens, les zoroastriens, les bouddhistes, les hindouistes –, doivent parler de la dhimmitude. Ceci exige deux actions : voir le phénomène et lui donner un nom. Tant que l’objet n’est pas nommé, il n’existe pas. C’est pourquoi Dieu a fait défiler les animaux devant Adam et lui a dit de les nommer. C’est pour les faire exister devant son regard.

Il faut donc parler de la dhimmitude pour la faire exister, pas de l’antisémitisme dans l’islam car l’antisémitisme est une notion appartenant à un contexte particulier : le judéo-christianisme et se définissant par les concepts de déicide, de crucifixion d’un Christ (Messie) rédempteur, concepts inexistants et incompréhensibles dans l’islam, tandis que la dhimmitude naît du terreau islamique : théologie et juridiction. Il faut la faire connaître pour arriver à la paix avec les musulmans.

Les chrétiens parlent plus de la dhimmitude que les juifs. C’est eux d’ailleurs qui en ont été les plus grandes victimes. Et ça continue. 

La dhimmitude ne doit pas faire partie de l’histoire de l’antisémitisme, c’est une autre histoire. 

Comment l’arrivée des colonisateurs français, britannique ou italien a-t-elle été perçue par les dhimmis ?

Il est difficile de généraliser car les colonisateurs n’avaient pas adopté les mêmes systèmes politiques. Mais tous abolirent les lois de la dhimmitude qui s’appliquaient aux juifs et aux chrétiens.

Cependant cette émancipation ne concernait pas seulement la suppression de la dhimmitude, elle impliquait aussi une émancipation de la tutelle exercée par l’autorité religieuse et les notables de chaque communauté sur leurs coreligionnaires. Elle introduisit la modernisation des institutions communautaires et un enseignement scolaire européen (18).

Ces transformations provoquèrent des conflits, mais en général les dhimmis étaient avides de s’instruire, d’accéder aux connaissances modernes et de s’échapper de l’ignorance et de la dégradation que leur imposait le monde sclérosé de la dhimmitude.

Y a-t-il eu des oppositions à cette libération des juifs de la dhimmitude ?

Oui, bien sûr. Il y eut en Algérie le mouvement des colons antisémites qui s’opposaient à l’octroi de la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie (19) car elle les libérait de la dhimmitude (20).

En Irak (21), le colonisateur anglais favorisait les musulmans par rapport aux juifs et aux chrétiens. Après l’indépendance de l’Irak en 1932, et bien qu’y ayant gardé des bases militaires, les Britanniques laissèrent massacrer un millier de chrétiens Assyriens en 1933-34. Londres adopta la même politique à l’égard des Juifs palestiniens.

Comment, dans les années 1950, l’indépendance imminente des colonies a-t-elle été perçue par les anciens dhimmis ?

La colonisation avait supprimé les souvenirs de l’état d’avilissement antérieur, d’autant plus que les juifs, mais surtout les chrétiens, voulaient s’intégrer au mouvement de modernisation et de laïcisation de leur pays amorcé avec la colonisation. Cet oubli explique la nostalgie juive des « temps heureux » dans les pays arabes où n’est évoquée que la période de la colonisation, mais non les discriminations de la dhimmitude.

L’amnésie est encore plus forte chez les chrétiens car elle se fonde sur un tabou politique qui attribue à la restauration de l’Etat d’Israël les persécutions des chrétiens dans les pays islamiques. Ce tabou commence à s’écorner depuis que j’ai démontré qu’elles émanent de la structure juridique et théologique de la dhimmitude établie depuis le VIIe siècle et maintenue quasi-inchangée dans certaines régions, ou atténuée au XIXe siècle dans l’empire ottoman, jusqu’à sa suppression par la colonisation.

Comme les indépendances s’accompagnèrent de guerres nationalistes de type jihadiste, elles réveillèrent les antagonismes religieux traditionnels contre les juifs et les chrétiens.

Les guerres arabes contre Israël provoquèrent des pogroms dans tous les pays arabes. L’indépendance de ceux-ci était liée à une réislamisation qui restaurait la haine religieuse.

Les juifs, donc, anticipaient des temps très difficiles et se préparaient à émigrer. La majorité d’ailleurs était profondément sioniste et voulait ardemment retourner dans la patrie juive historique enfin libérée. Mais l’Etat Israël, peuplé notamment de rescapés de la Shoah et qui venait de repousser les armées de cinq pays arabes, souffrait d’une grave crise économique. Cette situation de pénurie ne lui permettait pas de recevoir dans de bonnes conditions l’afflux de centaines de milliers de réfugiés totalement démunis. Il le fit dans des conditions très pénibles.

Comment vos études sur la dhimmitude ont-elles été reçues ?

Mes écrits, dès le début, suscitèrent une vive opposition. Mais j’ai toujours bénéficié des conseils de quelques amis universitaires. Au-delà de ce petit groupe très restreint auquel je dois beaucoup et de l’aide indéfectible de mon mari, mes écrits m’attirèrent beaucoup d’hostilité.

On me reprochait de nier le sort heureux des dhimmis et de lier les juifs et les chrétiens dans un statut commun. Ceci était un sacrilège contre la tendance politique pro-palestinienne des années 1970 en Europe qui visait à rapprocher les chrétiens et les musulmans dans un front uni contre Israël.

La guerre au Liban renforçait cette politique sur laquelle se fondait toute une stratégie euro-arabe antisioniste (Eurabia [22] ). Mon livre ne pouvait tomber à un pire moment.

On m’accusa d’arrière-pensées sionistes démoniaques pour avoir révélé en toute innocence une vérité vieille de 13 siècles, que l’on cachait obstinément au public afin d’attribuer à Israël, les persécutions infligées aux chrétiens par les musulmans. Cette dernière allégation était une façon de démontrer l’origine satanique d’Israël. Décrire un statut d’avilissement commun aux juifs et aux chrétiens inscrit dans la charîa et imposé durant treize siècles, constituait pour les antisionistes et leurs alliés un blasphème impardonnable.

Les thèses de l’universitaire américain Edward Said (23) triomphaient alors. Elles glorifiaient la supériorité et la tolérance de la civilisation islamique et infligeaient un sentiment de culpabilité aux Européens qui s’en délectaient.

Toute la politique euro-arabe d’union et de fusion méditerranéennes se bâtissait sur ces fondations ainsi que sur la diabolisation d’Israël. Mais, à l’époque, je l’ignorais et je ne comprenais ni la nature ni l’origine de l’ostracisme et de la haine qui me frappaient.

Et quel a été l’accueil de vos analyses dans le monde musulman ?

A ma connaissance, les quelques réactions dans le monde musulman furent toutes négatives, mais certains musulmans européens ont réagi très positivement.

Comment avez-vous réagi à ces réactions d’hostilité ?

Les réactions négatives ne me gênaient pas beaucoup car j’ai toujours été une iconoclaste solitaire, cherchant ma voie. Je ne me préoccupais pas particulièrement de mes détracteurs dont les arguments me semblaient très puérils.

Cette recherche débouchait sur un combat politique que je n’avais pas prévu. J’ignorais que je déchirais un tissu de mensonges opaques créés pour soutenir une idéologie politique, celle de la fusion du christianisme et de l’islam fondée sur la théologie de la libération palestinienne (24) et la destruction d’Israël.

C’était toute la structure idéologique, politique, culturelle d’Eurabia, mais je l’ignorais alors.

Vos écrits suscitent aussi l’estime de bien des penseurs…

Des réactions très positives s’élevèrent d’autres milieux.

A la publication du Dhimmi en 1980, je fus très fortement soutenue par le professeur Jacques Ellul (25) que je ne connaissais pas.

A Londres, mes écrits intéressèrent Robert Wistrich (26) qui n’était pas encore l’universitaire mondialement connu qu’il devînt. Il eut le courage de publier deux études dans le Wiener Bulletin malgré ses supérieurs. Je bénéficiais de l’aide amicale du professeur Paul Fenton et du soutien indéfectible de mon mari qui avait une formation d’historien et menait ses propres recherches sur les juifs du Maroc.

Je reçus aussi des éloges d’universitaires spécialistes de ce domaine, mais ces universitaires appartenaient à une génération de chercheurs qui précédait la politisation des études sur l’islam.

Des organisations chrétiennes évangéliques diffusèrent mes livres en grand nombre. Elles me soutinrent ainsi que des chrétiens dhimmis qui me procurèrent des documents et avec lesquels je pus discuter de ces problèmes. Ces chrétiens dhimmis m’encourageaient à poursuivre et m’étaient très reconnaissants de révéler leur histoire. Ils reprochaient à leur hiérarchie religieuse de la dissimuler.

Ce statut de dhimmitude est-il appliqué dans des pays musulmans en ce début du XXIe siècle ?

Malheureusement oui, avec plus ou moins de sévérité selon le degré de réintroduction de la charîa dans les lois du pays.

Les talibans l’appliquèrent à l’égard des Hindous, les coptes en Egypte continuent d’en souffrir ainsi que les chrétiens en Irak, en Iran, au Soudan, au Nigeria. Même la Turquie maintient certaines restrictions sur les lieux de culte.

La dhimmitude ne pourra pas changer tant que l’idéologie du jihad se maintiendra.

Le 30 décembre 1066 (3 Tevet 4827), des musulmans assaillent le palais royal de Grenade, alors en al-Andalus (sud de l'Espagne sous domination islamique), et y crucifient Joseph ibn Nagrela, le vizir du roi Berbère et chef des Juifs de la ville. Ils massacrent la plupart des Juifs de Grenade, soit « 1 500 familles juives, représentant environ 4 000 personnes qui disparaissent en un jour » selon la Jewish Encyclopedia. "Ce nombre est supérieur au nombre des Juifs qui ont été tués, pendant la première Croisade, dans l'ensemble des villes et villages de Rhénanie. C'est pourtant cette dernière tragédie que l'on ne cesse de nous rappeler, en oubliant que trente ans auparavant, dans la seule ville de Grenade. il n'y eut pas moins de victimes" (David Littman). 

Les 9, 10 et 11 juin 2021, le mahJ accueille et diffuse via Internet le colloque "
Les juifs et les autres minorités dans l'Islam méditerranéen, XIXe-XXIe siècles". Gratuit. S'inscrire pour y assister à l'auditorium du mahJ ou en direct en ligne.

Photographie de l'affiche : Les peintres de l’École de Tunis Emmanuel Bocchieri, Yahia Turki, Ammar Farhat, Mifsud, Moses Levy, Pierre Boucherle et Abdelaziz Gorgi, attablés à la terrasse du Café de Paris. Tunis, 1953. D.R.

Sous la direction scientifique de Bernard Haykel, Princeton University, et de Lucette Valensi, EHESS, le colloque est organisé en partenariat avec The Institute for the Transregional Study of the Contemporary Middle East (Princeton University), l’Ecole des hautes études en sciences sociales (CéSOR, IISMM, CeTOBAC) et l’Institut national des langues et civilisations orientales.

"Les communautés juives, qui vécurent durant des siècles en terres d’Islam, sur un territoire s’étendant de la Perse au Maroc, des Balkans à la péninsule Arabique, ont presque toutes disparu."

"À partir de la fin du XIXe et au cours du XXe siècle, parfois volontairement mais le plus souvent sous la contrainte, les juifs ont quitté le monde musulman pour gagner l’Europe, l’Amérique ou Israël. Les sociétés, auxquelles ils appartenaient parfois depuis des millénaires, ont été amputées de leur présence et les juifs ont souvent disparu de la mémoire de ces pays dont la culture était la leur."

"Pour dépasser les antagonismes contemporains qui obèrent la connaissance de cette histoire, ce colloque abordera les relations des juifs non seulement avec les musulmans majoritaires mais aussi avec les autres minorités : grecs orthodoxes, maronites, arméniens, coptes, ibadites, chiites, Européens en Afrique du Nord à l’époque coloniale… pour approcher au plus près la réalité de ces sociétés multiculturelles."

"Des contextes aussi divers que le Yémen, la Syrie, la Turquie, le Liban la Tunisie ou l’Algérie seront abordés, touchant à des domaines tels que le droit islamique, les nationalismes arabes et le sentiment national des juifs, les solidarités intercommunautaires, les interactions culturelles, le dialogue interreligieux, la création artistique et littéraire."



Mercredi 9 juin 
SOIREE INAUGURALE 
19h – 21h 
Ouverture 
Dominique Schnapper, mahJ 

Des sociétés plurielles à la disparition des minorités: tableau critique. 
Lucette Valensi, EHESS 

Sortir de la dhimma. De la tâ’ifa à la minorité confessionnelle 
Bernard Heyberger, EHESS-EPHE 

Jeudi 10 juin 
DE LA MOSAÏQUE CONFESSIONNELLE A LA DISPARITION DES MINORITES  

Première session 
Présidée par Paul Salmona, mahJ 

14h Les juifs du Yémen pris entre la charia et l’islamisme radical 
Bernard Haykel, Princeton University 

14h30 Relations judéo-chrétiennes dans le Damas ottoman du milieu du xixe siècle 
Anaïs Massot, EHESS, université de Leyde 

15h 
Débat et pause 

15h30 
Ce que le génocide des Arméniens a fait aux juifs de Turquie 
Emmanuel Szurek, EHESS 

16h 
Saïda contre Beyrouth. Dynamiques spatiales et communautaires chez les juifs du Liban après 1920 
Aline Schlaepfer, université de Bâle 16h30 

Débat 

Deuxième session 
Présidée par Lucette Valensi, EHESS 

17h Juifs dans le regard des «autres»: la situation en Turquie neutre pendant la Seconde Guerre mondiale 
Hervé Georgelin, université d’Athènes 

17h30 
À tort et à travers: usages politiques de la dhimma 
Michel Abitbol, université hébraïque de Jérusalem 

18h 
Résistance juive et réforme musulmane : convergences algériennes durant la Seconde Guerre mondiale 
Ethan Katz, University of California, Berkeley 

18h30 
Débat 


Vendredi 11 juin 
INTERACTIONS CULTURELLES  
Troisième session 
Présidée par Bernard Heyberger, EHESS-EPHE 
14h 
Zūj : Interactions judéomusulmanes dans la culture humoristique maghrébine 
Samuel Sami Everett, University of Cambridge 

14h30 
Juifs et ibadites au Mzab (1882-1962). Les destins divergents de deux particularismes dans l’Algérie coloniale 
Augustin Jomier, Inalco/CERMOM 

15h 
S’identifier comme tunisien: les juifs et la nationalité (jinsīya) comme nouvelle forme d’appartenance à la fin du xixe siècle 
Jessica Marglin, University of Southern California 

15h30 
Débat et pause 

Quatrième session 
Présidée par Michel Abitbol, université hébraïque de Jérusalem 

16h 
Comment être peintre, tunisien et juif au tournant de l’indépendance nationale tunisienne? 
Alain Messaoudi, université de Nantes 

16h30 
Ecritures de l’exil 
Anny Dayan-Rosenman, université Paris 7
 
17h 
Clôture 


Site Internet de Bat Ye’or :

Photos : © DR
De haut en bas : le grand mufti de Jérusalem Amin al-Husseini s’entretient avec Adolf Hitler, et le grand  mufti de Jérusalem Amin al-Husseini s’entretient avec Nasser.


(1) Anne Matard-Bonucci, L'Italie fasciste et la persécution des Juifs. Perrin, 2007. 599 pages. ISBN : 9782262025403

(2) Organisation islamiste fondée par l’instituteur Hassan el-Banna en 1928. Dès 1935, elle entretient des contacts avec Amin al-Husseini, mufti de Jérusalem, et participe à la révolte arabe palestinienne de 1936. En 1945, une branche du mouvement est créée à Jérusalem par Saïd Ramadan. Yasser Arafat est membre des Frères musulmans en Egypte dans les années 1950. Formé en 1987, le Hamas (Mouvement de la résistance islamique) est une « aile des Frères musulmans en Palestine » (article 2 de sa charte, 1988).

(3) Il s’agit de l’alliance entre l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste, et le Japon impérial.

(4) L’Angleterre occupa l’Egypte en 1882 tout en maintenant l’autorité nominale du Khédive, monarque soumis au sultan ottoman. En 1914 l’Egypte devint un protectorat britannique. En 1922, la Société des nations (SDN) confie au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine pour y construire un Foyer national juif.

(5) En 1956, Nasser bloque le golfe d’Akaba, interdit aux navires israéliens de passer via le canal de Suez qu’il nationalise en juillet. Il met sous séquestre les biens de la compagnie du canal de Suez. La France, le Royaume-Uni et l’Etat d’Israël - harcelé par des fedayin à partir de l’Egypte - signent l’accord de Sèvres pour renverser Nasser et reprendre le contrôle du canal. Débutée en octobre, l’intervention militaire de ces trois pays s’annonce victorieuse quand, après la menace de l’URSS et sous la pression des Etats-Unis, elle prend fin en novembre. La FUNU I (Force onusienne d’urgence) est chargée de surveiller le retrait des forces occidentales et de s’interposer entre l’Egypte et l’Etat d’Israël.

(6) Albert Londres, Le Juif errant est arrivé. Ed; du Serpent à plumes, 2000. 295 pages. ISBN-13 : 978-2842612023
Matthias Küntzel, Jihad et haine des juifs, le lien troublant entre islamisme et nazisme à la racine du terrorisme international. Préface de Pierre-André Taguieff. L’œuvre éditions, 2009. 180 pages. ISBN : 978-2-35631-040-8
Martin Cüppers et Klaus-Michael Mallmann, Croissant fertile et croix gammée, le IIIe Reich, les Arabes et la Palestine. Traduit de l’allemand par Barbara Fontaine Ed. Verdier, 2009 . 352 pages. ISBN : 978-2-86432-591-8

(7) Les Juifs en Égypte. Éditions de l'Avenir, Genève, 1971. Traduit en hébreu par Aharon Amir, dans une édition revue et augmentée, sous le titre (romanisé) Yehudi Mitzraiyim, avec une préface de H.Z. Hirschberg. Maariv (Tel-Aviv, 1974). Publié avec le concours du ministère israélien de l'Éducation, de l'Organisation sépharade mondiale et du Congrès juif mondial (CJM).

(8) « Le facteur dhimmi dans l’exode des Juifs des pays arabes » (pp. 33-60), dans Shmuel Trigano (sous la direction), L’exclusion des Juifs des pays arabes : Aux sources du conflit israélo-arabe, In Press, 2003. 399 pages. ISBN 2-84835-011-3.
Jean-Pierre Allali, Les Réfugiés échangés. Séfarades-palestiniens. Ed. Jupéa, 2007. 168 pages.
Fortunée Dwek, Nonno un juif d’Egypte. L’Harmattan, 2006. 258 pages. ISBN : 2296009131.
Moïse Rahmani, L'exode oublié. Juifs des pays arabes. Edition Raphael, 2007. 438 pages. ISBN : 2877810704.
Nathan Weinstock, Une si longue présence, Comment le monde arabe a perdu ses Juifs, 1947-1967. Plon, 2008. ISBN : 2259204937.

(9) Association des juifs originaires d’Egypte (http://www.ajoe.org) et Association historique des juifs d’Egypte (http://www.hsje.org/homepage.htm).

(10) David G. Littman est un historien et militant des droits de l’homme. Il représente l’Association pour une éducation mondiale (AWE) et l’Union mondiale pour le judaïsme libéral (WUPJ, http://wupj.org) auprès de l’ONU à Genève (Suisse). http://www.dhimmitude.org/littman-biography.html

(11) Bat Ye'or :
Le Dhimmi : profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe. Préface de Jacques Ellul. Éditions Anthropos, Paris, 1980. 335 p. (ISBN 2-7157-0352-X).
Juifs et chrétiens sous l'islam : les dhimmis face au défi intégriste. Berg international, collection « Pensée politique et sciences sociales », Paris, 1994. 420 p. (ISBN 2-900269-91-1) et collection « Pensée politique et sciences sociales », réédition, sous le nouveau titre Face au Danger Intégriste, juifs et chrétiens sous l’islam, Paris, 2004. 420 p. (ISBN 2-911289-70-6)

(12) Les chrétientés d'Orient entre jihâd et dhimmitude : VIIe-XXe siècle. Préface de Jacques Ellul. Éditions du Cerf, collection « L'histoire à vif », Paris, 1991. 529 p. ISBN 2-204-04347-8.


(14) Béchir Gémayel est né dans une famille maronite en 1947, au Liban. En 1976, il crée la milice des forces libanaises au moment des viols et massacres des chrétiens vivant au Sud du Liban. Proche d’Israël, il est élu président du Liban en 1982, et quelques semaines plus tard, il est assassiné avec plusieurs membres de sa famille le 14 septembre 1982.

(15) Les chrétientés d’Orient entre jihâd et dhimmitude VIIe-XXe siècle à http://biblisem.net/historia/yeorchre.htm

(16) Le dar al-islam (maison de la soumission) se distingue du dar al-harb, composé de territoires à conquérir pour les soumettre à l’islam.

(17) Le 24 janvier 2006, à Londres, la Chambre des Communes a évoqué le « génocide oublié » des Assyriens. En 1915, les deux tiers des Assyriens vivant dans l'Empire ottoman ont été tués. Stephen Pound, membre du Parlement, a demandé la double reconnaissance par les gouvernements turc et britannique du génocide des Assyriens et des Arméniens en 1915. Il « a exhorté le gouvernement britannique à demander à l'Union européenne de faire de la reconnaissance de ce génocide la condition préalable à l'adhésion de la Turquie à l'UE. La Turquie nie ce génocide, appelé seyfo par les Assyriens, au cours duquel des personnes sont mortes de faim, de soif, sans aide médicale, violées, tuées à l'arme blanche, d'autres ont été prises comme esclaves, leurs identité et religion changées ». Source : Guysen International News, 1er février 2006.

(18) A noter le rôle de l’Alliance israélite universelle (AIU) à http://www.aiu.org/

Pour la situation des Juifs à cette époque, voir David G. Littman : « Quelques aspects de la condition de dhimmi : Juifs d'Afrique du Nord avant la colonisation », in Yod (Revue des études hébraïques et juives modernes et contemporaines, Publications orientalistes de France), octobre 1976, 3 ::22-52 (Genève, Avenir, 10 mai, 1997) ; « Les Juifs en Perse avant les Pahlevi », Les Temps Modernes, 395, juin 1979 (pp. 1910-35).


(20) Yves-Maxime Danan, Quelques observations sur « Les trois exils » de Benjamin Stora, 11 janvier 2007 à http://www.guysen.com/articles.php?sid=5435

(21) Le 2 avril 1941, Rashid Ali al-Gailani arrive au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaire soutenu par l’Allemagne nazie et le mufti de Jérusalem Amin al-Husseini. Les 1er et 2 juin 1941, à Bagdad, 200 juifs furent assassinés et 2 000 blessés. Environ 900 maisons et des centaines de magasins juifs ont été détruites. Ce pogrom est appelé le farhoud.

(22) Bat Ye'or, Eurabia : L'axe Euro-Arabe. Ed. Jean-Cyrille Godefroy, 2006. 347 pages. ISBN : 2865531899.

(23) Professeur américain de littérature à l’université Columbia de New-York, Edward Saïd (1935-2003) est l’auteur de L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident (Seuil, 1980). Il est à l’origine avec le chef d’orchestre Daniel Barenboïm de l’orchestre Divan occidento-oriental.
Michel Gurfinkiel, L'ascension et la chute d'Edward Saïd, RCJ, 10 octobre 1999 à http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=5548&noCat=145&id_key=145&critere=ascension&rub=7

(24) Naissance d’une théologie chrétienne de la libération de la Palestine (p.14-p.18) et Les déchirures des chrétiens d’Orient (p.24-p.26), in L’Observatoire du monde juif, n° 6/7, juin 2003 à http://obs.monde.juif.free.fr/pdf/omj06-07.pdf

(25) Jacques Ellul (1912-1994) était un historien, théologien et sociologue français : http://www.ellul.org/ et http://www.jacques-ellul.org/

Cet article a été publié le 10 janvier 2010  puis le 13 juin 2013 à l'approche de la séance Un aller sans retour : l'exil des Juifs d'Egypte au Cercle Bernard Lazare, avec Paula Jacques et Tobie Nathan, le 13 juin 2013 à 20 h 30,  dans le cadre du Festival des Cultures Juives à Paris, les 13 et 31 juillet 2013, et - 9 mars 2015. Le 8 mars 2015, l'UPJF (Union des patrons Juifs de France) a remis le Prix du courage politique à Bat Ye'or ;
- 30 décembre 2015. Dans la nuit de Noël, à Lens et à Béziers (France), des musulmans ont protégé des églises lors de l'office de Noël. Le 26 décembre 2015, Robert Ménard, maire (proche du Front national) de Béziers, a déclaré : ""Ainsi donc la messe de Noël s'est tenue sous la prétendue 'protection' d'un groupe de musulmans dirigé par deux activistes connus pour leur engagement fondamentaliste et anti-israélien" ;
- 30 décembre 2015, 31 décembre 2016, 30 décembre 2017, 31 décembre 2018, 31 décembre 2019.

4 commentaires:

  1. Mais pourquoi place-t-elle le Yemen et le Maghreb sur le même pied? Elle dit "Au Yémen et au Maghreb, régions les moins touchées par la modernisation et l’évolution des idées en Europe et où le statut des juifs était parmi les plus sévères, les juifs nourrissaient un sentiment de gratitude envers l’autorité musulmane qui protégeait leur vie. Seule cette protection, mais non le droit, permettait leur existence".
    En visite en Afrique du Nord, Guy de Maupassant ne le ressent pas du tout ainsi, il écrit: " En vérité, Tunis n'est ni une ville française, ni une ville arabe, c'est une ville juive. C'est un des rares points du monde où le juif semble chez lui comme dans une patrie, où il est le maître presque ostensiblement, où il montre une assurance tranquille, bien qu'un peu tremblante encore.
    C'est lui surtout qui est intéressant à voir, à observer dans ce labyrinthe de ruelles étroites où circule, s'agite, pullule la population la plus colorée, bigarrée, drapée, pavoisée, miroitante, soyeuse et décorative, de tout ce rivage oriental".
    http://harissa.com/D_Souvenirs/tunisguydemaupassant.htm

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  2. William Lip décrit très bien la dhimitude dans son roman "Le long des rives " chez Edilivre

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  3. Il faut lire . "La nation Juive Portugaise" Livourne, Amsterdam, Tunis 1591 - 1951 de Lionel Levy Edition Hamattan.

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  4. Fadhel al-Jamali - typical Hitler's fan Nazi-Arab (in WW2) - who made (in the 1950s) "Nazi analogies" to Zionists..
    ( محمد فاضل الجمالي 1903-1997)

    Yehuda, Z. (2017). The New Babylonian Diaspora: The Rise and Fall of the Jewish Community in Iraq, 16th-20th Centuries C.E.. Netherlands: Brill, p. 253:

    Nuri al-Sa'id, according to Grobba, agreed on the eve of the war to send a delegation from the al-Futuwwa youth organization to Germany in order to participate in a conference of the German Nazi Party. Senior officials in the Iraqi Ministry of Education, such as Sami Shawkat and Fadhil al-Jamali, sustained firm ties with Grobba and frustrated an initiative by the Iraqi security services to deport German teachers who were spreading Nazi propaganda in Baghdadi high schools. They also maintained a pro-Nazi nationalist organization.
    __

    Herut⁩ - ⁨חרות⁩, 15 December 1958⁩:

    Dr. Fadil Jamali...
    It is interesting that in all his speeches - I heard many of them - he always included one characteristic paragraph: that the attitude of the Jews to the Arab refugees It is worse than the attitude of the Nazis towards the Jews. Like a ghost drawn to the scene of his crime, Fadhil Jamali was always drawn to the analogy with Nazi Germany. Because he was one of Hitler's first followers, and stayed with him a few years before the outbreak of the World War.

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